Addictions au travail : quelle prévention ciblée ?

Tabac, alcool, cannabis, addictions aux écrans… Par leurs effets sur la santé mais aussi sur l’organisation du travail, les addictions sont devenues un enjeu réel pour de nombreuses entreprises.

Si elles partagent certains traits communs, les addictions n’ont pas toutes la même image sociale. On ne parle pas de l’alcool, comme on parle du tabac ou des drogues dites « dures ». Face au tabou qu’elles génèrent, comment les entreprises peuvent-elles réagir ?

Addictions au travail : comprendre les enjeux

Alice Denoize, intervenante aux Ateliers Durables sur la prévention des addictions au travail, répond en vidéo à nos questions :

 

Les chiffres des addictions au travail

Nous ne sommes pas tous égaux face aux addictions. D’après le Ministère du travail, certains types de postes sont particulièrement à risque :

  • Le travail en poste ou en horaires décalés
  • Les postes à responsabilités élevées (stress, pression hiérarchique et obligation de résultat…)
  • Les postes exigeant de la vigilance (contrôle du procédé sur les sites à hauts risques, postes de surveillance…)
  • Les postes de conduite ou de pilotage (transports, manutention mécanique…).

L'INRS a réalisée en 2022 une enquête auprès de 1245 professionnels des services de santé au travail et les résultats sont inquiétants : 64% des professionnels de santé estiment que la consommation d’alcool et de cannabis est répandue au travail.

Les substances psychoactives qui posent le plus de problème chez les travailleurs sont l’alcool pour 91 % des répondants, le tabac pour 66 %, le cannabis pour 64 % et enfin les médicaments psychotropes pour 43 %.

Alors que le taux de salariés en difficulté à cause de l'alcool reste stable (8,6%) par rapport à la dernière enquête similaire réalisée en 2009, le taux de salariés en difficulté à cause du cannabis augmente lui de 2 points (7% aujourd'hui). 

D’après une étude de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca) auprès de la population active, l’isolement et la charge de travail liés à la crise de la Covid-19 ont également joué un rôle dans la hausse des consommations de substances psychoactives.

L'impact sur l'entreprise et son rôle

Une personne addict' va avoir, peu importe son addiction, une incidence, et la plupart du temps néfaste, sur ses collègues proches, son équipe de travail et par ricochet sur l'entreprise.

C'est d'ailleurs même parfois l'entreprise elle-même qui contribue, grâce à des facteurs stress, surcharge de travail ou encore management nocif, au développement même de ces addictions ou contribue sinon grandement à son maintien. D'après l'étude de l'INRS, les professionnels de la santé estiment que les facteurs favorisant le plus ces consommations addictives sont  lesrisques psychosociaux (RPS), les horaires atypiques, le travail isolé, les pots en entreprise, les séminaires ainsi que le télétravail. 

Il peut alors être judicieux pour l'entreprise de tendre la main aux salariés en difficulté pour les aider à vaincre ces addictions et retrouver un environnement de travail sain. Pourtant, quand il s’agit de mener des actions de prévention efficaces, il est important de distinguer entre les différents types d’addictions.

Addictions au travail : Comment agir efficacement ?

Aux Ateliers Durables, nous cherchons en premier lieu à donner de l'autonomie aux personnes que nous accompagnons en leur permettant dans un premier temps de comprendre le fonctionnement et les mécanismes de leurs addictions. Ensuite, nous leur proposons un accompagnement personnalisé, soit en groupe soit de manière individuelle, pour pouvoir coller au mieux à leurs attentes, leurs profils et leurs projets. 

Enfin, nos modes d'approches varient en fonction de l'addiction même. Pour l'alcool ou le cannabis par exemple, qui sont des addictions plutôt stigmatisantes, nous priorisons les accompagnements individuels à distance pour maintenir un écart entre l'entreprise et le salarié et garantir son anonymat et la confidentialité des échanges. Pour le tabac, qui est une addiction plus courante et moins stigmatisante, nous préconisons de mettre en place des ateliers ou stands en présentiels.

Pour aller plus en détails, prenons 3 exemples fréquents : le tabac, l’alcool et les écrans.

Zoom sur 3 addictions courante en entreprise

Le tabac

Après une chute continue du nombre de fumeurs entre 2014 et 2019, le Covid a malheureusement stoppé la baisse du tabagisme en France. Ce dernier se stabilisant à environ 30% de la population majeure. Taux qui malgré tout reste le plus bas jamais enregistré dans notre pays. Les interventions collectives, en présentiel, sur ce sujet, fonctionnent bien. Si l’on est soutenu par son entourage et ses collègues pendant son arrêt du tabac, on augmente de 34% ses chances de succès.

Mener une action de prévention sur le tabac en entreprise peut prendre différentes formes. Vous pouvez par exemple décider de vous concentrer sur l’information en proposant un stand sur une 1/2 journée ou sur une journée. Dans ce cas, il n’est pas nécessaire de faire un sondage en amont.

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Vous pouvez également opter pour une opération ponctuelle plus efficace et plus ciblée que le stand en choisissant un atelier d’information, en présentiel ou à distance. Participatif, bienveillant et ludique, il donne la parole à chacun et répond aux interrogations et craintes de tous. A son issue, tous les participants sauront comment amorcer leur arrêt du tabac et seront sereins à l’idée de se lancer dans l’aventure.

🚭 Vous pouvez aussi profiter du Mois Sans Tabac,  l’opération de Santé Publique France qui a lieu tous les ans au mois de Novembre, pour organiser des sensibilisations sur ce mois là. On vous donne tous nos conseils pour organiser un Mois Sans Tabac dans votre entreprise juste ici. :)

Pour offrir une aide solide aux participants, vous pouvez compléter cet atelier par des entretiens individuels de tabacologie en présentiel ou à distance. Ils permettent aux fumeurs de parler en toute confidentialité de leur parcours, de leurs craintes et de leur projet. Enfin vous pouvez décider de proposer un programme d’accompagnement sur plusieurs semaines. Les résultats sont toujours excellents car ils soutiennent vraiment les salariés.

👩‍🎓 Découvrir l’atelier « Arrêt du tabac : mettre toutes les chances de son côté » et les différents formats de prévention

L’alcool

La consommation des Français ne diminue pas, à l’inverse des autres pays mondiaux qui affichent des chiffres en baisse. L’alcool cause en France 49 000 décès par an et reste la 2ème cause évitable de mortalité après le tabac. Mais qu’en est-il en entreprise ?

Le lieu de travail est à double tranchant : facteur de protection pour une majorité, il peut devenir un facteur d’accélération des conduites addictives pour d’autres. Des conditions de travail difficiles (stress, relations conflictuelles, métiers pénibles…), une disponibilité des produits en milieu professionnel ou des pratiques liées à la culture d’entreprise peuvent provoquer une hausse des consommations à risques.

Pour faire le point, pourquoi ne pas commencer par faire votre propre diagnostic ? Le site Addict’aide recense 20 questions pratiques pour auto-évaluer votre politique de prévention. Vous pourrez ainsi rapidement identifier vos marges de progression.

Le sujet reste largement tabou, même si des opérations comme le Dry January ouvrent des perspectives pour aborder le sujet de manière plus légère et moins stigmatisante en entreprise.

🔍 Pour approfondir :  6 questions pour mieux comprendre l’alcool au travail

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Les écrans

Lorsqu'on parle d'addictions, on pense souvent en premier lieu aux addictions aux substances (alcool, tabac ou encore cannabis par exemple) mais on oublie les addictions comportementales telles que l'addiction aux écrans ou au travail. L’augmentation du temps passé sur les écrans dans la sphère professionnelle comme privé soulève des enjeux de santé importants sur le plan physique et psychosocial. Avec le développement du travail informatisé et l’essor du télétravail, les entreprises sont en première ligne sur le sujet.

Il est essentiel de distinguer entre ce qui relève de la surcharge et de l’addiction. Le sujet oblige aussi à questionner à la fois nos comportements individuels et les pratiques professionnelles dans le cadre du droit à la déconnexion notamment. Le sujet a tout intérêt à être abordé en équipe, pour construire ensemble des règles et des pratiques plus équilibrées, qui favorisent une meilleure maîtrise des outils digitaux.

👩‍🎓 Découvrir l’atelier " Digital fatigue : déconnecter pour mieux reconnecter"

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