L’hyperconnexion, amplifiée par la généralisation du télétravail, pose un véritable défi aux entreprises et aux professionnels RH. Cette dépendance s’illustre même par la tendance de porter son smartphone attaché à un cordon autour du cou ou du bras. Est-ce l’humain qui tient en laisse l’appareil technologique, ou l’inverse ?
Quels sont les impacts négatifs de cette connectivité permanente ? Comment pouvons-nous surmonter le stress lié à l'utilisation omniprésente des technologies et à l'abondance d'informations, et atteindre un équilibre sain entre l'engagement numérique et les activités hors ligne ?
Avec cet article, nous aborderons l’impact de l'hyperconnexion au travail, et pourquoi les entreprises peuvent, et doivent, protéger le droit à la déconnexion de leurs équipes.
L’hyperconnexion, définie comme le fait d’être constamment relié à ses outils numériques, est souvent perçue comme une forme d’addiction. En entreprise, elle se traduit par une disponibilité quasi permanente, même en dehors des heures de travail. Selon le benchmark 2023 de l’Observatoire de l’Infobésité et de la Collaboration numérique :
60% des salariés français se connectent plus de 10 soirées par an pour des raisons professionnelles.
31% des salariés sont considérés comme "hyper-connectés", se connectant plus de 50 soirs par an.
Cette sollicitation continue nuit à la séparation entre vie privée et vie professionnelle, entraînant stress, troubles du sommeil et baisse de productivité.
Les résultats du second Baromètre MILDECA/Harris Interactive sur les usages d’écrans et les problématiques associées en 2022 révèlent que les moins de 35 ans semblent particulièrement concernés, avec une propension à travailler même au coucher bien plus souvent que leurs ainés (21% pour les moins de 35 ans contre 13% chez les 35-49 ans et seulement 5% chez les 50 ans et plus).
Ce résultat suggère une porosité entre les temps de travail, de loisirs et de repos, en particulier chez les jeunes.
L’infobésité, ou surcharge informationnelle, découle de la multiplication des emails, notifications et autres sollicitations numériques. Les chiffres parlent d’eux-mêmes :
74% des dirigeants n’arrivent pas à traiter tous leurs emails quotidiens.
25% des emails générés sont issus de la fonction "Répondre à tous" dans des échanges impliquant trois personnes ou plus.
Cette surcharge informationnelle, ou « overdose » d’infos, menace notre productivité en nous exposant à des interruptions constantes et en nous faisant perdre du temps à filtrer et trier les informations. Alvin Toffler introduit le concept d’infobésité en 1970 (A. Toffler, Future Shock, Random House 1970) et David Shenk popularise le terme en 1993 (D. Shenk, « Data Smog », The Next Progressive, 1993) en parlant de l’homme « intoxiqué » par cette surcharge d’information.
Cette analogie entre l'information et l'obésité met en lumière la gravité du problème, en l’approchante d’une maladie, ainsi que la notion d’addiction qui en découle.
Dans ce contexte, le droit à la déconnexion émerge comme une réponse à l’hyperconnexion et à l’infobésité, offrant aux individus la possibilité de se déconnecter et de retrouver un équilibre entre leur vie numérique et leur bien-être général. Il s'agit non seulement de respecter les horaires de travail en évitant les sollicitations en dehors de ces heures, mais aussi de promouvoir de bonnes pratiques pendant la journée de travail pour gérer efficacement les demandes entrantes/sortants, réduire le stress et favoriser un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle.
Inscrit dans le Code du travail, le droit à la déconnexion s’entend comme le droit pour les salariés de ne pas se connecter à leurs outils numériques professionnels (messagerie, applications, logiciels, internet, intranet, etc.) et de ne pas être contacté, en dehors de leurs heures de travail. Il s’applique à tous les collaborateurs, y compris les managers et les cadres de direction.
Le droit à la déconnexion implique également des devoirs. Pour les entreprises de plus de 50 salariés, il impose :
La négociation annuelle sur les modalités d’exercice de ce droit.
La mise en place de règles d’usage des outils numériques, et s'assurer que ce droit soit respecté, en suivant son application et en évaluant les infractions.
La sensibilisation des équipes aux risques liés à l’hyperconnexion.
En cas d’absence d’accord, l’entreprise doit rédiger une charte sur le droit à la déconnexion. Des acteurs comme l’INRS (Institut national de recherche et de sécurité) participent activement à la sensibilisation et à l’accompagnement des entreprises sur ce sujet.
Orange a été l’une des premières entreprises françaises à instaurer une charte du droit à la déconnexion dès 2016. L’entreprise a mis en place des règles spécifiques, comme :
La désactivation des serveurs de messagerie en dehors des heures de travail.
Des formations et des sensibilisations régulières pour aider les salariés à mieux gérer leur temps de connexion.
Dès 2012, Volkswagen a instauré une règle limitant l’envoi et la réception des emails professionnels 30 minutes avant et après les horaires contractuels des salariés en Allemagne. Cette mesure a été bien accueillie par les employés et est citée comme un exemple de bonne pratique.
Dès 2018, la Métropole de Lyon a édicté une charte du bon usage des outils numériques et du droit à la déconnexion. Quatre ans plus tard, cette charte a été mise à jour pour intégrer des éléments comme la cybersécurité ou les impacts environnementaux liés aux usages numériques.
Pour promouvoir le droit à la déconnexion, des actions individuelles et collectives sont nécessaires. Au niveau individuel, il s'agit de retrouver le contrôle sur nos outils numériques et mettre en place des pratiques visant à favoriser la concentration et la productivité.
Voici 4 conseils pour (re)trouver votre « flow » :
Sur le plan collectif, l'adoption de bonnes pratiques de communication est nécessaire, notamment pour bien gérer les mails entrants et sortants. Voici quelques axes d’amélioration à considérer :
L’adhésion au droit à la déconnexion passe par une formation des managers et salariés.
Aux Ateliers Durables, nous abordons le sujet suivant plusieurs angles :
💻 L'atelier Digital Fatigue : déconnecter pour mieux reconnecter (en ligne / en présentiel) permet d'aborder la question de l'hyperconnexion en groupe et de réfléchir ensemble à des actions pour reprendre le contrôle sur les outils numériques
🧠 L'atelier Concentration : améliorer ses capacités d'attention (en ligne / en présentiel) fournit des outils pour apprendre à mieux focaliser son attention et retrouver rapidement sa concentration.
🌱 L'atelier Pollution numérique (en ligne / en présentiel) permet de comprendre quel est le véritable impact écologique et social des outils numériques, quels sont les bons gestes que l’on peut adopter à son poste de travail et chez soi.
📩 Le webinaire Objectif Zéro mail fait un focus sur nos boîtes mails, et encourage les bonnes pratiques en matière d’envoi, stockage, archivage et organisation de sa boîte mail, grâce à la méthode Inbox Zero.