La durée du sommeil quotidien ne fait que diminuer depuis plusieurs décennies. En cause, l'omniprésence des écrans, mais aussi les évolutions du monde du travail et l'augmentation du travail en horaires atypiques.
Comment fonctionne le sommeil ? Comment le travail peut-il affecter la qualité de sommeil des salariés ? Et comment l'entreprise peut-elle agir durablement sur ce précieux temps de repos et aider les salariés à mieux le respecter ?
Le fonctionnement du sommeil : une machine qui ne dort jamais
Le sommeil, besoin vital de l’être humain, varie chez chacun en fonction de plusieurs facteurs.
Le chronotype : coq vs hibou
Chaque individu possède son propre chronotype. Il s’agit de l’horloge biologique, laquelle s’inscrit dès la naissance dans l’ADN. Ce premier élément est déterminant en ce qui concerne le sommeil.
Il existe ainsi trois grands types de chronotypes définis par les chercheurs Horne et Ostberg et dont les caractéristiques influent directement sur la vie :
- coq : les couchent tôt et lèvent tôt
- hibou : les couchent tard et lèvent tard
- neutre : les individus situés entre les deux extrêmes
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Ce profil type est ancré dans le fonctionnement interne de chaque individu et ne peut donc pas être modifié. La vitalité au cours de la journée, les pics de productivité y sont donc directement associés. Certaines entreprises proposent donc à leurs salariés d’adapter leur rythme de travail en fonction de leur chronotype.
Le temps de sommeil : quid de la durée idéale ?
D’autres paramètres viennent également exercer une influence sur le repos de chacun. Le temps de sommeil a une grande importance et varie en fonction des besoins. Si dormir huit heures par nuit semble être la durée idéale, certains individus (seulement 1 % de la population) peuvent recharger leurs batteries avec moins de six heures de sommeil par nuit.
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Le temps de sommeil idéal dépend alors des besoins individuels et d’autres facteurs.
Un bon indicateur ? La facilité à émerger le matin après une nuit classique et le temps nécessaire à un réveil total. Un individu montrant des signes évidents de fatigue plusieurs heures après son réveil pourra ainsi aisément détecter un dysfonctionnement au niveau de son temps de sommeil.
Réparer la nuit pour assurer le jour : le rôle du sommeil
Pendant les phases de sommeil, le corps recharge ses batteries mais le cerveau, lui, profite de ce moment pour organiser, travailler, trier les informations accumulées au cours de la journée afin de préparer le lendemain.
Sans sommeil, le corps et le cerveau ne peuvent plus communiquer. Cet état de sommeil est donc essentiel pour vivre pleinement les états de veille.
Quels sont les troubles du sommeil ?
En France, deux personnes sur trois souffrent de troubles du sommeil. Aux États-Unis, les Centres de Contrôle et de Prévention des Maladies parlent même d’une « épidémie de santé publique ».
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Les maux liés au sommeil concernent sa durée souvent trop courte ou divers troubles dont les plus connus restent l’insomnie chronique dont souffre 16 % de la population française et les apnées du sommeil.
Cependant, d’autres types de déséquilibres existent et impactent la vie nocturne de nombre de personnes :
- la dyssomnie qui altère la qualité ainsi que la durée du sommeil
- la parasomnie qui se manifeste par des terreurs nocturnes ou du somnambulisme
- l’hypersomnie qui regroupe la narcolepsie, l’apnée du sommeil ou encore les ronflements
Les conséquences du manque de sommeil sur la santé et le travail
Le manque de sommeil affecte directement le cerveau et donc la mémoire. Cette dernière a en effet besoin d’un temps de repos suffisant pour enclencher son étape de consolidation. Quand un individu souffre de troubles du sommeil, ce processus ne peut donc pas correctement se réaliser et les conséquences sont lourdes : oublis, erreurs, problèmes de concentration, risque accru de survenance d’accident…
Plus précisément, lorsqu'un manque de sommeil (moins de sept heures par nuit) touche un individu, sa matière grise diminue (l’habitacle des neurones). Le nombre de neurones décroît alors et les synapses (les canaux de communication entre les neurones) se détruisent.
Plus grave, un individu qui dort mal ou pas assez, affaiblit l'entièreté de son organisme et atteint donc directement son système immunitaire. Cette fragilisation augmente alors les risques d'obésité, de diabète de type 2, d’hypertension, de crises cardiaques, de maladies cardio-vasculaires ou encore de dépression.
Sommeil et travail : un sujet sur lequel on ne peut plus fermer les yeux
La dernière publication de l’institut national du sommeil et de la vigilance alerte sur les problèmes de sommeil des travailleurs. Dans un carnet spécial sur sommeil et travail, elle indique que “20 à 40 % des salariés se plaignent d’un mauvais sommeil. “ Ces constats sont alarmants quand l’OMS décrit le sommeil comme un « besoin humain de base ».
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Comment le travail impacte-t-il le sommeil et inversement ? Pourquoi quand l’un ne va pas, l’autre en subit souvent les frais ?
L’impact du travail sur le sommeil
De nombreux facteurs jouent sur la durée et la qualité du sommeil. Parmi eux, le travail par la surexposition aux écrans qu’il génère ainsi que le stress qu’il engendre.
Dans une étude de 2012 sur les temps de sommeil, L’INPES dresse un constat sans appel : en 25 ans, le temps de sommeil a diminué de 18 minutes. Et la situation s’est accélérée : en 2019, pour la première fois, la durée du sommeil quotidien est passée en dessous de la barre des 7 heures en France.
Différents facteurs expliquent ce changement :
- l’omniprésence des écrans au travail et à la maison
- l’augmentation du temps de trajet
- l’élévation du nombre d’heures de travail réel et l’augmentation du travail en décalé
Travail posté, travail de nuit et en horaires atypiques
Le travail en décalé ou en horaires atypiques correspond à des situations variées : le travail de nuit (de 21 h à 6 h du matin), les rythmes de travail irréguliers ou cycliques (travail posté en 3x8 heures ou 2x12 heures le plus fréquemment), le travail le weekend (samedi, dimanche et jours fériés) ou encore les journées fragmentées…
D’après une étude de la DARES de 2021, le travail le soir concerne désormais 25 % des salariés et 10 % des salariés travaillent la nuit, un chiffre en augmentation depuis vingt ans.
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Pour Damien Léger, professeur de médecine, spécialiste des troubles du sommeil et auteur de nombreux articles sur le sujet, "les travailleurs postés perdent une heure de sommeil chaque jour par rapport aux salariés travaillant en journée. Ils accumulent une dette de sommeil d'une nuit par semaine et de quarante nuits par an".(entretien dans la Revue Santé et Travail, 2015). Ces salariés sont davantage susceptibles de souffrir de somnolences, de troubles du sommeil, mais aussi de cancers ou d’hypertension d’après l’ANSES.
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Troubles du sommeil et entreprise : des dommages pour tous
Un mauvais sommeil entraîne des dommages évidents chez les salariés qui éprouvent des difficultés de concentration, de stress, d'irritabilité…avec un effet direct sur la communication entre collègues et des dysfonctionnements plus fréquents dans les services.
À terme, ces troubles touchent les capacités intellectuelles et physiques des personnes qui souffrent. Fatiguées, malades, ces dernières sont donc en incapacité de fournir un travail efficace et de se montrer productives.
Des dangers réels peuvent aussi les affecter et avoir une incidence sur des clients, des patients. Certaines professions à risques nécessitent en effet une vigilance accrue. Par exemple les métiers de la santé, ou les professionnels du transport.
L’institut national du sommeil et de la vigilance alerte sur ce point en précisant qu’un manque de sommeil peut provoquer “une somnolence au travail et un risque de manque de vigilance dans des situations de sécurité.“.
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Troubles du sommeil : quels coûts pour l’entreprise ?
Les troubles du sommeil sont une source de souffrance pour les salariés à l’échelle personnelle, mais aussi professionnelle. Mais, les entreprises aussi en subissent les frais :
- augmentation de l’absentéisme
- baisse de la productivité et des performances de l’entreprise
- dégradation de la qualité du travail réalisé
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Concrètement, l’impact financier de ces troubles s’élève à plusieurs milliards d’euros chaque année. Aux États-Unis, les dernières données sont sans appel avec des coûts entre 5 et 15 milliards de dollars de perte de productivité pour les salariés souffrant d’apnée du sommeil.
Comment agir pour le sommeil de ses salariés ?
Si dans la pensée collective le sommeil fait partie de la vie privée du salarié, l’entreprise a en réalité, on l’a vu, un impact et donc un rôle à jouer. Adapter le rythme de travail de ses employés en fonction de leur chronotype, mettre en place un espace sieste pour inciter l’ensemble des collaborateurs à faire un break et tant d’autres solutions existent et sont déjà utilisées par certaines entreprises.
Alors, quelles actions mettre en place en entreprise pour optimiser durablement le sommeil des salariés ?
Veille vs sommeil : l’importance des pauses
Le temps de concentration d’un travailleur adulte est relativement court. Rythmer une journée par des pauses réelles permettant de déconnecter apparaît donc comme essentiel à différents points de vue.
Dans cette vidéo par exemple, notre intervenante Lolita C. explique comment en quelques minutes prendre une pause ressourçante grâce à la pratique de la cohérence cardiaque.
Plus d’énergie = une meilleure productivité
En ce qui concerne la productivité, un employé déconcentré sera bien moins efficace. Faire des pauses régulières lui permettra en revanche de revenir à son poste de travail avec un regain d'énergie favorable à l’accomplissement de sa mission. Une journée équilibrée par des pauses lui offrira également la possibilité de tendre vers un bien-être global, ce qui favorisera son sommeil le soir venu. Dans cette perspective, l’entreprise peut jouer un rôle clé.
La sieste au travail : le secret de la réussite
Selon la NASA, 20 minutes de sieste améliorerait de 35 % la productivité au travail. Si cette pratique ne correspond pas à tout individu, elle peut tout de même améliorer considérablement le bien-être de nombre de salariés et jouer efficacement sur leur sommeil.
Plusieurs structures mettent en place des salles de sieste pour leurs employés. Un sujet autrefois tabou qui tend aujourd’hui à gagner en popularité dans les entreprises étrangères et pour quelques structures françaises (Renault sur son site de Plessis-Robinson par exemple ou la société Avery-Dennison dans son usine de Bourg-de-Thizy).
🔍 Pour approfondir : Comment aménager un espace bien-être en entreprise ?
La déconnexion : l’importance de tout couper
L’omniprésence des écrans et des canaux de communication ne favorise pas un sommeil sain et réparateur pour les salariés d’une entreprise.
L'accès facilité aux différentes messageries depuis un smartphone est un frein à la séparation vie professionnelle, vie privée. Ce point représente un problème majeur puisqu’il peut générer du stress voire de l’anxiété, obstacle évident à une bonne qualité de sommeil surtout lorsqu’il se propage jusqu'au domicile du salarié.
Photo de Jacky Chiu sur Unsplash
L’employeur peut jouer sur cet aspect en incitant les collaborateurs à se déconnecter après leur journée de travail.
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Flexibilité des horaires et télétravail
Entre les heures supplémentaires et les horaires des cadres, certains employés effectuent largement plus de 35 heures par semaine. Une surcharge de travail, un volume horaire trop important génère de la fatigue, de l'anxiété et peut mener vers le burn-out ou d’autres maladies professionnelles.
Il est encore tôt pour évaluer l’impact de la généralisation du télétravail sur le sommeil des salariés. Si le temps de trajet domicile-travail s’est réduit, les salariés ont aussi adopté de nouvelles pratiques de travail à la maison (ordinateur dans la chambre à coucher, travail en horaires décalés…). Rappeler aux salariés les bonnes pratiques en la matière (déconnexion, pauses…) est sans doute nécessaire.
Sensibilisation sur le sommeil en entreprise: quel dispositif choisir ?
Avec les actions de sensibilisation sur le sommeil, vous apportez des pistes de réflexion et des outils pour améliorer leur repos, réduire les accidents, et les aider à intégrer des pratiques favorables à sa santé.
Le sujet se prête aussi facilement à différents types d’actions et d’animations : ateliers en présentiel ou en ligne, conférence sur le sommeil, expérience de micro-sieste ou consultations individuelles avec un·e spécialiste offrent une palette de dispositifs très complète.
Spécialisé dans la pédagogie active, le collectif LAD vous propose un tour d’horizon des actions possibles.
Les ateliers et conférences sur le sommeil en entreprise
Les ateliers et conférences sur le sommeil constituent une expérience transformante pour comprendre rapidement les enjeux, poser ses questions et acquérir des techniques et conseils utiles.
Nous démarrons le plus souvent nos actions de sensibilisation sur le sommeil par un atelier ou une conférence généraliste “Qualité du sommeil : retrouver des nuits sereines”. On y apprend à mieux connaître le fonctionnement de l’horloge circadienne, les réflexes à adopter au travail et dans son hygiène de vie générale. Organisé en présentiel ou en ligne, l’objectif est d’ouvrir le débat sur le sujet et de fournir des précieux conseils.
Depuis 2013, c’est une des thématiques santé les plus demandées aux Ateliers Durables, et près de 2000 salariés ont déjà profité de nos ateliers et conférences sommeil dans des groupes comme le Crédit Agricole, la Sacem, Klee Group, Homeserve, Lindt ou encore l’Union des Caisses nationales de sécurité sociale.
Parfois, lorsque le sujet a déjà été abordé ou pour proposer un focus spécifique, nous recommandons aussi un atelier plus ciblé, comme sur le travail de nuit (EDF, Avenir APEI, Adekka, ALPA…), la vigilance au volant (Groupe Vinci) ou la pratique de la micro-sieste (NAVA).
Les consultations individuelles avec un·e spécialiste du sommeil
Dans les organisations qui concentrent une forte population avec des troubles du sommeil, ce format est vivement conseillé pour initier une démarche chez les personnes concernées et aider à sauter le pas.
Les rendez-vous personnalisés avec une sophrologue ou une naturopathe spécialisée sur le sommeil, qu’ils se déroulent sur site ou en ligne à la manière d’un Doctolib, constituent souvent un dispositif complémentaire aux actions collectives.
Par exemple, l’entreprise fait appel à nous pour des ateliers collectifs en matinée puis réserve l’après-midi des créneaux individuels avec la même personne pour des bilans personnalisés. Les salariés s’inscrivent à l’avance sur le planning et se sentent libres d’aborder des sujets plus personnels en toute confidentialité (stress, problèmes médicaux ou personnels).
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Maintenir la dynamique
Comme pour d’autres sujets de santé au travail, il est impératif de renouveler régulièrement les formations et les actions de sensibilisation sur le sommeil. Proposer des mémos à la suite des interventions, ou inscrire ces initiatives dans un plan d’action santé plus large permet de nourrir le projet dans la durée.
Partagé en fin d’atelier ou de webinaire, notre mémo sommeil reprend les principaux conseils à retenir.
Vous souhaitez mener une réflexion plus approfondie sur la question à nos côtés ou organiser simplement une première action de sensibilisation ?
🌈 Sautez le pas et prenez contact avec nos équipes et notre réseau de consultant.es santé à Paris, Lyon, Marseille et sur l’ensemble du territoire.