Mobilité durable en entreprise : faisons le point !

A l’occasion de la semaine de la mobilité, qui a lieu cette année du 16 au 22 Septembre 2024, notre intervenante Natalia Kotelnikova-Weiler fait le point sur l'état de la mobilité durable en France. Quelles sont les obligations légales des entreprises ? Et malgré les dispositifs mis en place, les pratiques n’évoluent que très lentement. En cause : les résistances au changement. Comment lever les freins principaux ? C'est parti pour un tour d'horizon des actions possibles pour mieux accompagner les transitions en matière de déplacements !

Mobilité durable : les obligations légales 

Le Plan de Mobilité des Entreprises (PDME)

Dans le cadre de la loi relative à la transition énergétique, la mise en place d’un Plan De Mobilité des Entreprises (PDME) pour toutes les entreprises regroupant plus de 100 personnes sur un seul site a été rendu obligatoire depuis le 1er janvier 2018. La loi encourage la mutualisation de la démarche avec les entreprises voisines et exige un chef de projet dédié en interne pour la conduite de la démarche. Dans les faits, il s’agit d’analyser l’offre de transport et les déplacements des salariés, de programmer des actions, un plan de financement et un calendrier puis de suivre les indicateurs d’évolution mis en place.  

L'Ademe a réalisé une plaquette pour vous aider à mettre en place un plan de mobilité des entreprises (janvier 2018), toujours d'actualité !

La Loi d'Orientation des Mobilités (LOM)

La loi d'orientation des mobilités (LOM) impose depuis le 1er Janvier 2020 aux entreprises de plus de 50 salarié.es de discuter de la mobilité lors des négociations obligatoires avec les partenaires sociaux. Si ces négociations n'aboutissent pas, alors l'entreprise doit réaliser un PDME (Plan de mobilité des entreprises). 

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Photo by Jacques Dillies on Unsplash

A la jonction de problématiques RH et RSE, ces lois mobilité ont pour but d’optimiser les déplacements des salariés pour diminuer les émissions de GES en mutualisant les trajets, réduire le trafic en général, promouvoir les modes de transports alternatifs (vélo, covoiturage, autopartage) et finalement encourager le télétravail et la flexibilité des horaires.  Que ce soit pour des raisons de bien-être, d’accessibilité, d’impact environnemental, ou plus prosaïquement de coûts, agir pour la mobilité durable en entreprise est aujourd’hui devenu une évidence pour de nombreux dirigeants et salariés. 

De plus, ces plans d’action auront assurément un impact écologique positif mais seront surtout synonyme de meilleure qualité de vie au travail pour les salariés. La voiture individuelle représentant une source de stress et un poste de dépense important non négligeable.

Mobilité durable : chiffres et bilan 

Les chiffres de la mobilité durable

L’impact de la pollution de l’air sur la santé est aujourd’hui indéniable : plus de 48 000 décès par an sont attribués à ce fléau.  Plus que jamais, les grandes villes sont asphyxiées par la circulation trop importante des voitures et il est urgent de repenser la mobilité, d’instaurer de nouveaux réflexes. 

🚘 En France, les deux-tiers des déplacements domicile-travail sont effectués en voiture, selon le Réseau Action Climat France. À Paris, seuls 3% des déplacements sont effectués en vélo, une proportion qui atteint 29% à Copenhague et 32% à Amsterdam.

Ces dernières années, beaucoup d’entreprises ont investi pour promouvoir les modes de transport alternatifs auprès de leurs salariés, même si, selon une étude de 1kmàpied, seul 11,4% des entreprises assujetties ont réalisée un accord sur la mobilité durable en 2022.

Le bilan des actions mises en place

Parmi les actions les plus populaires, on retrouve :

  • le réaménagement de site pour le rendre plus accessible aux piétons
  • la création de locaux à vélo sécurisés
  • les places de stationnement réservées aux covoitureurs
  • la mise en place d’accords d’auto-partage au sein d’un même territoire
  • la négociation avec l’opérateur de transports pour améliorer la desserte du site
  • l’adaptation des horaires de travail en accord avec le CSE
  • l’application et le financement du forfait mobilité durable

Pourtant, quelques mois plus tard, c’est souvent la désillusion. On s’aperçoit que les collaborateurs n’ont pas ou peu adopté les solutions mises en place et le dispositif minutieusement étudié, négocié, organisé et financé a fait flop.

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C’est généralement à ce moment critique qu’on fait appel à notre expertise pour éclairer la situation.

Quand on interroge nos interlocuteurs sur les mesures d’accompagnement mises en place, on a souvent la réponse suivante : "une communication interne par email ou sur l’intranet, éventuellement un affichage ou une réunion d’information."

Les facteurs psycho-sociaux du projet n’ont le plus souvent pas été anticipés. Appelons un chat un chat, vous êtes face à la résistance au changement. Un mécanisme à la fois complexe et passionnant, sur lequel il est possible d’agir en revoyant nos modes d’action. Regardons de plus près ce qui grippe le processus.

 

mobilité durable : Les 4 freins psychologiques

Une analyse intéressante de ces freins a été proposée par Anaïs Rocci, docteure en sciences sociales et sociologue à l'ADEME, qui a mené plusieurs travaux de recherche.

Elle identifie 4 freins à l’adoption de modes de transports alternatifs :

1. La force de l’habitude

Pris dans une routine confortable ou du moins satisfaisante, on ne cherche tout simplement pas à s’informer sur les alternatives.

2. La perception des modes

L’expérience qu’on a ou qu’on n’a pas distord la perception des caractéristiques (distances, temps, coûts) des différents modes : on exagère les qualités des modes connus et on minimise leurs contraintes, tandis qu’on fait l’inverse pour les modes non expérimentés, on voit donc leur utilisation comme une contrainte.

3. Les compétences

Savoir utiliser les différents modes de transport n’est pas si évident. Il faut savoir repérer son itinéraire, prévoir son temps de trajet et connaître les normes sociales et techniques pour utiliser ces transports. La preuve ? Comment vous êtes-vous senti la dernière fois que vous avez pris les transports à l’étranger ou même dans une autre ville ? Vous avez opté pour les services alternatifs comme le co-voiturage ou les vélos en libre-service ou vous êtes-vous rabattus sur les modes que vous maitrisez le plus ?

4. Le rapport à l’inconnu et à l’incertitude

L’inconnu est source de charge mentale et de stress. Il faut donc du temps et des expériences répétées pour prendre confiance et se construire une image positive d’un nouveau mode.

Face à ces freins, quels sont alors les leviers à activer pour mobiliser efficacement vos collaborateurs ? 

 

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