8 mars : 8 idées d'action originales en entreprise

Le 8 mars, certains offrent des fleurs… D’autres préfèrent semer des idées. Et si, cette année, on troquait les roses pour une réflexion de fond sur la santé des femmes au travail ?

Car derrière les chiffres – deux fois plus de souffrance psychique, trois femmes sur cinq touchées par des TMS – se cachent des réalités bien concrètes : surcharge mentale, inégalités persistantes et tabous encore tenaces.

Aux Ateliers Durables, ce sujet ne nous effleure pas : il nous anime. Avec plus de 80 % de femmes dans notre réseau d’intervenant·es, nous savons combien la santé physique et psychologique des femmes mérite une attention globale, bien au-delà d’une seule journée dans l’année.

Voici donc une série de 8 propositions pour transformer le 8 mars en un véritable levier de changement durable.

Le 8 mars, journée internationale des droits des femmes

Que célèbre-t-on le 8 mars ?

Contrairement à ce qu’on entend souvent, le 8 mars n'est pas "la journée de la femme" mais bien la Journée internationale des droits des femmes. Cette distinction est loin d’être anodine : elle rappelle que cette journée n'est pas une opération commerciale, mais bien un moment de mobilisation pour l'égalité et la lutte contre les discriminations.

Cette date trouve ses origines dans les mouvements ouvriers du début du XXe siècle. Le 8 mars 1917, la grève des ouvrières de Saint-Pétersbourg marque le début de la révolution russe et donne à ce jour une portée historique. Officialisée par les Nations Unies en 1977, cette journée vise à faire le bilan sur la situation des femmes dans le monde, célébrer les acquis et mobiliser pour l'égalité des droits. Plus qu'une simple fête, elle constitue un rendez-vous annuel pour mesurer les progrès accomplis et identifier les combats à mener.

En France, les inégalités de genre dans le milieu professionnel persistent. En 2023, les femmes salariées du secteur privé gagnaient en moyenne 22,2 % de moins que leurs homologues masculins selon une étude de l’Insee. Ces écarts s'expliquent notamment par une plus grande proportion de femmes en temps partiel et une sous-représentation dans les postes les mieux rémunérés. Elles représentent ainsi 70 % des travailleur·euses pauvres (moins de 964 € par mois), 82 % des emplois à temps partiel et 62 % des emplois non qualifiés (DREES, 2015). À noter qu’à poste comparable, les femmes perçoivent encore 3,8 % de moins que les hommes.

Il est donc essentiel de poursuivre activement la lutte pour l’égalité entre les femmes et les hommes, non seulement dans le monde du travail, mais aussi dans tous les aspects de la société. La journée du 8 mars est l’occasion de rappeler ces enjeux.

Tryptique Mixte

80% des intervenant·es aux Ateliers Durables sont des femmes, cela représente plus de 400 intervenantes et formatrices au sein de notre réseau national.

 

Le 8 mars en entreprise : Entre communication et engagement réel

Comment les marques et les entreprises se sont-elles emparées du sujet ? Force est de constater que le 8 mars génère désormais une communication massive de toutes parts. Entre campagnes marketing roses, messages inspirants sur les réseaux sociaux et événements dédiés, les entreprises rivalisent de créativité pour afficher leur engagement.

Cette appropriation du 8 mars par l’économie n'est pas sans nous interroger. Si elle permet de sensibiliser le public et de maintenir le sujet dans l'actualité, elle peut aussi donner lieu à du "féminisme washing", ces actions de façade qui masquent l'absence de mesures concrètes en interne.

Pourtant, les inégalités de genre au travail ne sont pas seulement une question de justice sociale : elles représentent aussi un coût humain et économique considérable. Stress chronique, troubles musculo-squelettiques, démotivation... ces problématiques de santé génèrent absentéisme, turnover et baisse d’efficacité.

Pour aller + loin : Santé des femmes au travail, les RPS ont-ils un genre ?

8 idées d'action en entreprise pour le 8 mars 

Au-delà des déclarations d'intention, comment passer concrètement à l'action ? Voici 8 initiatives que votre structure peut mettre en place pour transformer le 8 mars 2026 en un levier de changement durable.

1. mener un diagnostic des relations hommes-femmes

Commencez par établir un état des lieux objectif. Un diagnostic approfondi permet de mesurer l'exposition différenciée aux risques psychosociaux selon le genre, d'identifier les disparités dans les conditions de travail et les inégalités salariales. Cette démarche doit inclure l'analyse des violences sexistes et sexuelles, souvent sous-estimées voir oubliées avec des baromètres qui se concentrent uniquement sur l'égalité professionnelle. Les résultats alimenteront votre Document Unique d'Évaluation des Risques Professionnels (DUERP) et orienteront vos plans d'action.

👉 Vous souhaitez aller plus loin ? Nos équipes de consultantes et psychologues peuvent vous accompagner dans la mise en place d'enquêtes et de diagnostics sur mesure.
👉 Sur la prévention des VSS, découvrez le guide 📒 "Comment lutter contre le sexisme et le harcèlement" rédigé par Les Ateliers Durables à l'attention du Syntec.

 

2. Animer un webinaire ou une conférence sur la santé au féminin

Vous pouvez aborder les spécificités de la santé féminine souvent négligées en entreprise : endométriose, syndrome prémenstruel, ménopause, cancers gynécologiques... Ces sujets, encore tabous, impactent pourtant significativement la vie professionnelle de nombreuses femmes. Informer et déstigmatiser, c'est permettre un meilleur accompagnement.

Webinaire santé des femmes

Un webinaire à deux voix de sensibilisation sur la santé des femmes organisé par Les Ateliers Durables pour un de nos clients

 

3. organiser une conférence ou une table ronde sur la santé des femmes au travail

Vous souhaitez inspirer une réflexion parmi les collaborateurs et collaboratrices, le management, les représentant·es du personnel ?

Le format conférence ou table ronde s'adapte bien au sujet. Ainsi, en mars 2025, nous avons réuni et croisé le regard de 4 expert.es du sujet, psychologue sociale, soignante, formateur, et coach spécialisée. Ces échanges permettent de partager les dernières connaissances sur le sujet, mais aussi de libérer la parole, de partager les vécus et d'identifier collectivement les solutions adaptées à votre contexte.

santé des femmes mal-etre au travail

Photos issues de la table-ronde sur la santé des femmes au travail animé par Les Ateliers Durables. Mars 2025.

 

4. Développer des mesures en faveur de la parentalité et de l'aidance

Selon l’Insee, en France, les femmes prennent encore en charge 64 % des tâches domestiques et 71 % des tâches parentales au sein des foyers. Elles sont aussi très majoritaires (62%) parmi les aidants.  

Il est possible de mettre en place des dispositifs concrets pour les aider : horaires flexibles, télétravail, salles d'allaitement, crèches d'entreprise, ou encore congés spécifiques pour accompagner un proche malade.

🧰 Vous pouvez amorcer la discussion dans votre entreprise en proposant un  atelier sur l'équilibre pro perso ou sur la parentalité, mais cela ne dispense pas d'une réflexion plus globale sur les outils RH et organisationnels qui facilitent la vie des femmes au travail.

 

5. PROPOSER UNE formation sur le sexisme ou sur le harcèlement 

Depuis 5 ans, la sensibilisation à la reconnaissance et à la prévention des violences sexistes et sexuelles se développe en entreprise. Ces formations doivent aller au-delà de la simple information légale pour développer une véritable culture du respect et de l'inclusion.

Grâce à des mises en situation, des témoignages et des outils pratiques, les participant·es repartent en comprenant mieux le rôle et les responsabilités des relais en matière de prévention du sexisme et du harcèlement ; en connaissant mieux le cadre légal ; en sachant identifier et réagir face à une situation à risque ; et en connaissant la procédure de traitement des signalements.

Atelier très clair et instructif car les termes "sexisme" et "harcèlement sexuel" sont souvent bien connus mais jamais bien définis. Tout le monde repart avec une idée bien clair de ce qui se cache derrière ces mots !

Avis d'un participant - Atelier "Sexisme au travail"

Aux Ateliers Durables, nous proposons les formations suivantes sur des formats de 3h à 2 jours.

 

6. Soutenir les femmes dans les périodes charnières

La santé des femmes est particulièrement vulnérable lors de certaines phases : périnatalité, périménopause, diagnostics de maladie. En développant des programmes de soutien spécifiques, vous marquez votre implication et compréhension.

Par exemple : accompagnement des parcours PMA, congés renforcés post-partum, aménagements pour les femmes ménopausées, soutien psychologique lors de deuils périnataux etc. Certaines entreprises expérimentent même le congé menstruel pour les femmes souffrant de règles douloureuses.

💡Approfondir : Le collectif BAMP, spécialisé sur l'infertilité, propose information et conseils au grand public

 

7. Organiser des actions de dépistage et de prévention

Les cancers féminins, comme le cancer du sein ou celui du col de l’utérus, touchent de nombreuses femmes en âge de travailler. Il est donc indispensable que les entreprises s'engagent concrètement dans la prévention et le dépistage de ces maladies. En partenariat avec des acteurs spécialisés ou des professionnel·les de santé, il est possible de mettre en place des actions ciblées sur le lieu de travail.

Installer un stand de sensibilisation animé par des intervenant·es santé permet d'informer en continu les salarié·es tout au long de la journée, sans contrainte horaire. Ce format accessible et flexible favorise les échanges, facilite l’accès à l’information médicale et incite à des démarches de dépistage précoce. Organiser ce type d’interventions, c’est faire de la santé de vos collaboratrices une priorité et créer un environnement de travail plus sûr, plus informé et plus bienveillant.

💡Agir : Découvrez 10 idées d'animation pour Octobre Rose
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8. Animer une session d'arpentage autour d'un ouvrage féministe

Connaissez-vous l'arpentage ? Il s'agit d'une une méthode de lecture collective d'un ouvrage. Lors d'une session, plusieurs participant·es se partagent un document écrit et chacun lit individuellement une courte partie de ce document. Vous pouvez organiser cet atelier sur 2 heures en fin de journée ou sur l'heure du déjeuner. L'occasion de faire découvrir et d'échanger autour d'autrices et d'œuvres qui ont contribué à la réflexion sur la condition des femmes. Quelques idées dans différents registres pour vous inspirer :

  • Les femmes ont toujours travaillé, de Sylvie Schweitzer (2002)
  • Résister à la culpabilisation, sur quelques empêchements d’exister, de Mona Chollet (2024) 
  • King Kong théorie, de Virginie Despente (2006)
  • Le Livre noir de la condition des femmes, de Christine Ockrent (2023)
  • Un autre regard, de la dessinatrice Emma (2017)
  • Chanson douce, de Leïla Slimani (2016)

Conclusion : du symbole à l'action

Le 8 mars, ce n’est pas (seulement) une journée pour parler d’égalité, c’est une excellente occasion de la faire vivre — vraiment.

Car si les chiffres sont têtus, les actions, elles, transforment. Une politique RH plus inclusive, un diagnostic éclairant, un atelier bien pensé… et voilà comment on passe des intentions aux solutions.

Et qui sait ? Peut-être qu’un jour, on fêtera le 8 mars non plus comme la journée des droits des femmes, mais comme celle où l’équité au travail aura enfin cessé d’être un sujet.
(En attendant, on continue d’y travailler, avec ou sans fleurs mais toujours avec conviction 🌱.)

 

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