Burn out : 4 questions pour comprendre

Le burn out. En tant que psychologue sociale et intervenante sur les risques psycho-sociaux au travail, le sujet émerge systématiquement dans mes échanges. Avec quelques questions récurrentes pour lesquelles je vous propose ici un éclairage.

  • Quelle définition donner du burn out ?
  • Par quels symptômes et signes le reconnaitre ?
  • Quelle différence entre le burn out et la dépression ?
  • Comment diagnostiquer un burn out ? 

1. Qu’est-ce que le burn-out ?

Burn out : définition

Le burnout, ou syndrome d’épuisement professionnel, se traduit par un « épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d'un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel » (Schaufeli WB and Greenglass ER. Introduction to special issue on burnout and health. Psychol Health 2001;16(5):501-10.)

Concrètement, on peut l’illustrer en se représentant une bougie, qui se consume lentement (burn out = se consumer), et en perdant petit à petit son énergie, va finalement s'éteindre à petit feu jusqu’à se stopper nette. Car le burn out nous consomme, nous "fond" et nous effondre, comme si le travail nous avait à l'usure.

Donc, contrairement à ce qu'on entend parfois, le burn out ne ressemble en réalité pas à une explosion à force de travailler avec frénésie. Le "je suis débordé·e, j'ai trop de travail, je cours partout, je suis en burn-out" ne correspond pas complètement aux tableaux cliniques rencontrés, même si cet état constitue une des étapes possibles vers le burn-out.

bougie burn out
Photo by Rajat Verma on Unsplash

Si la charge de travail est un facteur central du burn out (on parle d'ailleurs de pathologie de surcharge), l'épuisement s'enracine notamment dans le fait que cette charge de travail élevée soit maintenue dans le temps, et conjuguée à d'autres contraintes de ressources (manque d'autonomie, imprévus, peu de soutien ou de reconnaissance face aux efforts, manque de moyens pour bien faire son travail...), de sorte que les efforts fournis pour faire face à la charge vont constamment échouer à produire les résultats escomptés.

Ce déséquilibre durable entre d'une part les efforts pour faire face aux contraintes de conditions de travail, et d'autre part les récompenses qu'on y trouve (qualité, fierté, reconnaissance, stabilité...), génère petit à petit un stress chronique, une exigence émotionnelle durable.

Burn out et surinvestissement professionnel

Ici aussi, contrairement à certaines représentations, on ne s'habitue pas au stress, car le stress élevé et prolongé entraine plutôt une forme d'immobilisation apprise, une chute de la capacité à s'ajuster aux autres et aux évènements ponctuellement stressants, et cela a des effets délétères impactant la santé physique, émotionnelle et mentale, pouvant à terme nous faire basculer vers le syndrome d'épuisement professionnel.

Et face à des conditions de travail qui n'évoluent pas (charge, manque de ressources...), on va progressivement s’expliquer la situation par l'intériorisation des causes du problème ("puisque rien ne change malgré mes efforts... ça doit donc venir de moi, je ne suis pas à la hauteur").

Ainsi le risque de burn-out est d'autant plus élevé que l'engagement professionnel est fort ("j'y ai cru, j'ai tenu bon, je me suis investi·e, mais à quoi bon ?"), et que l’exigence émotionnelle du métier est aigüe (notamment lorsqu’il y a contact avec du public) et c'est pour cela que l'on entend souvent dire que le burn-out, ou plus justement, le contexte délétère, atteint en premier les personnes les plus dévouées.

La qualité empêchée au cœur du burn-out

Alors oui, on fait plus, plus vite... mais on le fait moins bien. Et c'est là un point clé de compréhension : ce qui épuise particulièrement dans le burn-out, c'est le fait que son geste de travail soit répétitivement et durablement entravé, que la qualité de notre travail soit empêchée, générant en nous un conflit de valeur en entamant ce qu'on recherche dans le travail : la qualité et l'intérêt de ce qu'on fait, servir un peu le monde à notre façon.

Travailler n'importe comment, mal faire, à la limite de la légalité, de façon approximative ou désincarnée, cela abime, cela consume, et quand ça dure, cela fait un jour s'effondrer. Le travail durablement en mode dégradé tout comme son intensification sont donc assurément des terreaux d'épuisement professionnel.

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2. Quels sont les signes et symptômes du burn out ?

Les symptômes du burn out et les signes d'atteinte de la santé physique, émotionnelle, psychique, cognitive, motivationnelle et sociale constituent une liste variable et difficile à dresser.

Retenons, pour aller à l'essentiel, d'abord que le burn out occupe un espace mental tel qu'il devient difficile de s'occuper de soi, de penser à soi, de se préoccuper de soi et de ses proches.

Les manifestations cliniques récurrentes et typiques se concentrent notamment autour de :

  • une fatigue physique et émotionnelle indéracinable (incluant un repos qui ne repose plus, divers troubles du sommeil, des ruminations continues, une tête pleine, le sentiment de ne plus avoir d'énergie psychique, d'être vide face aux client·es, usager·es, patient·es...)
  • un détachement ou désengagement du travail (par exemple via la perte progressive de plaisir, la dévalorisation de soi-même, la perte de confiance en soi, une déshumanisation des collègues, des comportements asociaux, négatifs, cyniques, durs...)
  • le recours à des substances "pour tenir" ou "pour redescendre" (consommation dérivative d'alcool, boissons énergisantes, somnifères, cannabis, pratiques alimentaires compensatoires (sucrées, grasses...).
🔎 Burn out et risques psycho-sociaux (RPS) sont intimement liés. Pour mieux comprendre les RPS, voir notre article : Qualité de vie au travail : 4 définitions à connaître

3. Quelles sont les différences entre burn out et dépression ?

Si les symptômes du burn out relèvent d’un spectre syndromique commun à la dépression, notamment dans la dimension de perte d’estime de soi et de tristesse généralisée, il existe quelques grands éléments de distinctions typiques entre ces deux affections psychiques.

Ce tableau présente de façon synthétique et non exhaustive quelques grands points de différence entre burn-out et dépression, bien que chacun de ces points ne soit pas systématiquement observé : 

Les différences entre burn-out et dépression

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4. Comment diagnostiquer un burn-out ?

Le diagnostic du burn-out s’établit par un médecin (par exemple médecin du travail ou généraliste, parfois avec l’appui d’un·e psychiatre), et souvent en ayant recours à l’inventaire du burn-out de Maslach, test reconnu sur le plan scientifique.

Ce test demeure un outil de diagnostic médical, il est conçu pour permettre une prise de conscience lorsque le doute est là. Sa passation nécessite l’accompagnement d’un·e professionnel·le de santé pour éviter un isolement possible face aux résultats, assurer un débriefing et ne pas silencier d’éventuels résultats « moyens ». qui mériteraient la mise en place de mesures, voire une prise en charge préventive pour limiter la dérive vers le syndrome d’épuisement.

💡Pour savoir s’il faut poser un arrêt et qui solliciter, lire notre article « Le burn-out, une maladie professionnelle ? »

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