Si la santé des collaborateurs est devenue un enjeu majeur pour les entreprises, peu d’entre elles parviennent à formuler une stratégie claire en la matière. Le 4ème Plan Santé au Travail 2021-2025 (voir ici notre analyse) offre des perspectives intéressantes, même si parfois difficiles à appréhender sur le terrain.
Santé rime encore généralement avec hygiène et sécurité, réglementation, coûts supplémentaires, obligations et négociations avec les partenaires sociaux qui s’imposent à l’employeur.
Pourtant, certaines structures en ont fait un axe fort de leur stratégie et de leur marque employeur. Au point d’adopter un changement de paradigme fort : la responsabilité en matière de santé des salariés ne s’arrête pas à la porte de l’entreprise et doit s’élargir à l’environnement et aux comportements des salariés en-dehors de leur temps d’activité professionnelle. Responsabilité élargie ou intrusion ? Pourquoi cela fait-il aujourd’hui sens ?
DE LA RÉDUCTION DES RISQUES À LA PROMOTION DE LA SANTÉ EN ENTREPRISE
L’accent mis ces dernières années sur les dommages liés au stress et plus généralement sur la prévention des risques psycho-sociaux marque également un infléchissement, en proposant une vision élargie des problématiques de santé, qui dépasse la responsabilité classique des dommages physiques liés aux accidents du travail.
Car il convient de s’accorder sur les termes : la santé s’entend d’un « état de complet bien-être physique, mental et social » nous rappelle l’OMS. Il ne s’agit donc pas seulement du salarié malade, qu’il s’agira d’accompagner au moment de son retour au poste. La rapidité des changements organisationnels dans l’entreprise, les phases successives de restructuration et l’intensification du travail placent les collaborateurs sous une tension intérieure mais aussi relationnelle, qu’il faut apprendre à gérer et maîtriser.
Cette définition élargie et positive de la santé constitue une opportunité forte et encore peu partagée en entreprise : une politique active en matière de santé signifie davantage de cohésion sociale, un climat de travail plus serein, et donc des leviers pour améliorer l’investissement dans le travail, augmenter la qualité du recrutement ou favoriser l’innovation des équipes. En ce sens, la santé devient un facteur de compétitivité et s’intègre pleinement à la stratégie de l’entreprise.
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Certains acteurs de la santé en entreprise partagent cette vision mais peinent parfois à la traduire en action. Quelle nouvelle répartition des rôles cela implique-t-il ?
Le concept de promotion de la santé, très développé dans les politiques publiques et au Québec, mais peu exploré en entreprise en France, nous aide à éclaircir cet horizon. La promotion de la santé incite à mettre l’individu au cœur du processus de santé. Les actions de promotion de la santé donnent à l’individu « les moyens d’assurer un plus grand contrôle sur leur propre santé, et d’améliorer celle-ci » (Charte d’Ottawa). Pour un acteur de la santé en entreprise, quel sens cela prend-il ?
Recentrer les actions en santé sur les besoins des salariés
Habitués aux programmes de sécurité et d’hygiène ponctués de visites médicales, les salariés montrent de plus en plus de détachement face aux actions en santé menées traditionnellement en entreprise. Pourtant, la santé reste au cœur des préoccupations des citoyens : on constate dans la société le développement d’une culture du bien-être qu’illustrent l’attention plus forte portée à l’alimentation et à la diététique, la pratique répandue d’une activité physique ou associative, ou le succès continu des méthodes de développement personnel.
Il ne s’agit pas de sujets secondaires : nous sommes au cœur des déterminants de santé, ces facteurs multiples qui interviennent dans l’état de santé, le développement des maladies chroniques ou des risques cardio-vasculaires. A cela s’ajoute le champ de la santé environnementale, les risques liés à l’exposition aux polluants dans l’air intérieur, l’alimentation ou le lieu de travail, dont on mesure l’importance croissante.
L’entreprise a la responsabilité d’investir ces champs et de proposer aux collaborateurs des actions de prévention en santé qui pénètrent ces enjeux. Certains salariés doivent ici faire l‘objet d’une attention particulière : le travail de nuit ou le travail posté par exemple peuvent entraîner des vulnérabilités qui nécessitent une prise en charge spécifique et un accompagnement différent par exemple sur l’alimentation ou les troubles du sommeil. Des bénéfices sont à attendre en matière de motivation des équipes, de recul de l’absentéisme ou de développement d’une culture d’entreprise centrée sur le bien-être et la cohésion des équipes.
Retours photo d'ateliers sur l'alimentation, la santé environnementale ou les postures de travail organisés par Les Ateliers Durables
📒 Ressources : des acteurs tels que Santé Publique France (anciennement l’INPES : Institut national de prévention et d’éducation par la santé) travaillent depuis plusieurs années sur ces sujets qu’investissent aujourd’hui des acteurs mieux connus des entreprises comme l’ANACT (Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail).
Les Ateliers Durables s’inscrivent aussi dans cette logique de promotion de la santé en entreprise. Nous nous appuyons sur une équipe pluridisciplinaire de nutritionnistes, ostéopathes, psychologues du travail, ergonomes, spécialistes du sommeil ou de la santé environnementale pour proposer une lecture originale de ces sujets sous forme notamment d’ateliers conseil ou de formations. Au gré des interventions, nous mesurons l’intérêt des participants pour ces thématiques et la cohérence avec la stratégie de l’entreprise.
L’objectif est bien de remettre les collaborateurs au cœur de la politique de santé et de responsabilité de l’entreprise, mais aussi d’accompagner les acteurs en entreprise sur ces nouvelles missions. C’est une réflexion globale autour des politiques de qualité de vie au travail, que nous appelons de nos vœux.