La santé au travail est un univers peuplé de sigles et d’acronymes mystérieux, qui peuvent rapidement faire fuir les curieux qui s’aventurent sur ce terrain. Pourtant, le domaine, au carrefour de la santé, de l’ergonomie, de la sociologie ou de l’épidémiologie se révèle passionnant, pour qui possède les clés de lecture.
Aux plus studieux, on conseillera un lexique ou un glossaire de la santé au travail, pour une vue exhaustive. Pour les plus pressés, voici une revue de définition des 5 acronymes les plus courants du secteur.
La santé au travail : définition
La santé au travail s’attache à éviter la dégradation de l’état de santé du fait du travail et s’appuie sur les principes de prévention, en particulier la prévention dite primaire, qui vise à réduire ou supprimer les facteurs de risque.
De ses origines après guerre à sa compréhension actuelle, le périmètre de la santé au travail a beaucoup évolué : protection face aux risques industriels, prévention des risques professionnels, ajout des risques psycho-sociaux dans la législation dans les années 2000, etc.
5 sigles de la santé au travail décryptés
DU, DUER, DUERP : définition
⚡ En bref : Le document unique, document unique d’évaluation des risques, ou document unique d’évaluation des risques professionnels (DU, DUER ou DUERP) est un document qui recense les risques professionnels encourus par les travailleurs et les actions de prévention et de protection prévues par l’employeur.
Créé en 2001, il est obligatoire pour toutes les entreprises, administrations et associations ayant au moins un salarié et la rédaction du DUER s’impose à l’employeur. Il doit être mis à jour au moins une fois par an (ou en cas de décision d’aménagement importante) et doit être tenu à la disposition des membres du CSE comme des salariés.
Le DUERP est le résultat de l’évaluation des facteurs de risque (chimiques, biologiques, psychologiques…) : ces risques doivent être identifiés, classés suivant leur intensité et reliés à des situations de travail concrètes. Le Covid-19 a par exemple conduit les entreprises à mettre à jour leur DUER. De cette évaluation découle un plan d’action de prévention, qui doit permettre un processus d’amélioration continue à chaque mise à jour.
💡 À savoir : Le DUERP constitue un outil d’appui utile pour dresser un bilan partagé autour des risques professionnels. Très marqué par l’approche des facteurs de risques et leur quantification, le DUERP s’avère cependant parfois un peu inadapté dans sa forme aux enjeux de santé des entreprises tertiaires. Sans surprise, beaucoup de TPE ignorent même son existence et près d’une entreprise sur deux ne dispose pas ou n’a pas mis son DUERP à jour, alors même que son absence engage la responsabilité de l’employeur en cas d’accident.
TMS : définition
⚡ En bref : Les troubles musculo-squelettiques (TMS) regroupent diverses pathologies liées aux articulations, muscles, et nerfs principalement et qui se manifestent par des douleurs et des gênes.
Ils représentent plus de 80% des maladies d’origine professionnelle et certains secteurs sont particulièrement touchés : l’aide et les soins à la personne (les métiers du grand âge et de l’autonomie), la propreté, le transport et la logistique, le commerce, le BTP et les industries métallurgique et agroalimentaire.
💡 À savoir : Quand on parle des TMS, on pense souvent à des métiers durs physiquement, qui impliquent de la manutention, du port de charge ou des gestes répétitifs. Or, le développement du travail informatique et la sédentarité constituent une nouvelle bataille d’ampleur dans la lutte contre les TMS.
L’aménagement des postes ou les formations aux gestes et postures font partie des actions fréquemment déployées pour réduire le phénomène.
🔎 En savoir + : le Guide pratique des TMS
Les intervenants de notre réseau LAD animent des conférences, formations et parcours de prévention sur les TMS
RPS : définition
⚡ En bref : Les risques psycho-sociaux ou RPS correspondent aux risques identifiés pour la santé physique et mentale des travailleurs et travailleuses. On pense généralement au stress, mais les RPS incluent d’autres facteurs ou conséquences de la souffrance psychique au travail : fatigue, dépression, burnout, violences ou harcèlement moral…
📚 En savoir + : 3 clés pour agir sur la santé mentale au travail
Le Rapport Gollac-Bodier de 2011 propose cette définition des RPS :
« les risques pour la santé mentale, physique et sociale, engendrés par les conditions d’emploi et les facteurs organisationnels et relationnels susceptibles d’interagir avec le fonctionnement mental. »
💡 À savoir : Le terme RPS est souvent rapproché de la notion de Qualité de Vie au travail (QVT), dont il constitue en quelque sorte le double négatif. D’un côté, on s’intéresse et on agit sur la diminution des facteurs de risque ; de l’autre, on identifie et on stimule les déterminants du bien-être au travail.
Les RPS font partie des risques professionnels pour lesquels l’employeur a une obligation générale de sécurité et doit proposer des actions de prévention. A ce titre, les RPS doivent être aussi identifiés et répertoriés dans le document unique.
📚 En savoir plus : QVT : 4 définitions à connaître.
IPRP : définition
⚡ En bref : Un IPRP ou Intervenant en prévention des risques professionnels est un⸱e professionnel⸱le de la santé sécurité au travail, disposant de compétences spécifiques : ergonomie, psychologie, hygiène-sécurité ou encore toxicologie.
Il/Elle assure des missions d’analyse, conseil et accompagnement des démarches de prévention, en coopération avec la médecine du travail, et à la demande de la Direction. Le statut d’IPRP, créé en 2003 s’obtient par enregistrement auprès de la DIRECCTE.
IPRP est finalement un terme générique qui recouvre des compétences très variées. L’objectif est de favoriser la pluridisciplinarité entre plusieurs professionnels dans les démarches de prévention en entreprise, aux côtés du médecin du travail, qui lui possède un statut particulier et protégé.
📒 Télécharger : le Guide pratique de la santé au travail
SPST, SPSTI : définition
⚡ En bref : Les services de prévention et de santé au travail (SPST) et les services de prévention et de santé au travail inter-entreprises (SPSTI) ont été introduits par la loi du 2 août 2021 en remplacement de services de santé au travail.
Les SPST proposent différents services aux entreprises, pour les accompagner dans leurs démarches de prévention : évaluation des risques, suivi individuel des salariés, actions de prévention et promotion de la santé. Des missions évaluées via une certification et un contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens (CPOM).
Chaque employeur est tenu d’organiser un SPST : soit adhérer à un SPSTI si l’entreprise compte moins de 500 salariés, soit former un SPST autonome au sein de l’entreprise, avec du personnel qualifié.
💡 À savoir : en plus des missions classiques de prévention des risques professionnels et de suivi individuel des travailleurs, les SPST doivent désormais aussi mettre en place une cellule pluridisciplinaire de prévention de la désinsertion professionnelle. Avec l’allongement de l’espérance de vie et le vieillissement de la population active, l’objectif est bien de maintenir plus longtemps les personnes dans l’emploi.
En conclusion, et si vous avez tout suivi, un SPST peut accueillir de nombreux IPRP et accompagner les entreprises dans l’élaboration d’un DUERP, qui formulera des recommandations en matière de TMS et de RPS. Simple, non ?