Harcèlement moral au travail : exemples, contre-exemples

Certaines personnes subissent des relations de travail dégradées et irritantes, sans harcèlement moral caractérisé. A l'inverse, on peut être victime de harcèlement moral au travail, sans que personne n'ait jamais élevé la voix contre nous. 

Alors comment distinguer entre ce qui relève ou non du harcèlement moral au travail ? Quels sont les exemples caractéristiques et les éléments qui tendent à s’apparenter à des faits de harcèlement ?

Les exemples reconnus de harcèlement moral au travail

Commençons par un bref rappel. Le harcèlement moral se manifeste par des agissements répétés pouvant entraîner, pour la personne qui les subit, une dégradation de ses conditions de travail pouvant aboutir à

  • une atteinte à ses droits et à sa dignité,
  • une altération de sa santé physique ou mentale,
  • ou une menace pour son évolution professionnelle.
📖 En savoir + : Harcèlement moral au travail : définition, conseils, prévention

Dans les cas de harcèlement moral, on retrouve généralement trois grands procédés, qui peuvent parfois se cumuler : les actions visant à effacer la personnes, les attaques menées contre le travail et les techniques de discrédit ou d'humiliation.

Les grands procédés du harcèlement moral

Les actions visant à effacer la personne

Les techniques de mise en scène de la disparition, c’est-à-dire la diminution ciblée des tâches concernant votre poste, par rapport à l’habituel ou à ce qui est normalement fait (et sans lien avec une éventuelle disparition d’activité de votre entreprise) constituent un cas fréquent de harcèlement.

Quelques exemples pour illustrer :

  • sans raison on ne vous donne plus autant ou plus rien à faire, on déshabille votre poste
  • vous ne recevez plus les invitations mail concernant les réunions
  • on vous enlève des dossiers ou missions pour les confier à d’autres
  • on vous enlève votre matériel ou vos prérogatives (par exemples les droits d’administration à un administrateur réseau) sans aucune raison
  • on vous met à l’écart, on vous isole : par exemple on change vos horaires de travail pour vous séparer, ou on enjoint vos collègues de ne pas vous communiquer des infos clés

Les attaques menées contre votre travail

Le harcèlement moral au travail peut se caractériser par des décisions, qui visent à vous empêcher de mener à bien votre travail. On distingue plusieurs cas :

  • le contrôle abusif : on surveille de façon tatillonne votre travail, la durée de vos pauses, absences, conversations entre collègues, on exige un reporting excessif pour des tâches mineures, ou on vous fixe des prescriptions rigides (sans dialogue possible)
  • l'injonction paradoxale : on vous donne des missions contradictoires ou humainement impossibles à réaliser, vous poussant à la faute, dans un urgentisme continu (des demandes 5 minutes avant de partir)
  • l'injonction à l'hyperactivité : on vous demande des délais impossibles à tenir sans dépasser la durée légale du travail ou sans être hyper-connecté·e, qui obligent à travailler en apnée durablement et pouvant viser à prouver une insuffisance professionnelle

Les techniques relationnelles de discrédit ou d'humiliation

Les techniques relationnelles de discrédit, d’humiliation et de pression disciplinaire injustifiée constituent des exemples fréquents de harcèlement moral au travail.

En pratique :

  • on vous coupe la parole, on vous invective, ou on fait des réflexions ou critiques quotidiennement devant les collègues, on ne donne aucun poids ni aucun intérêt à vos propos, notes ou travail…
  • on vous tient des propos humiliants en présence de subordonné·es, on se moque de vous ou vous fait l’objet de dérision, on colporte des insinuations malveillantes
  • on remet en cause systématiquement votre travail, on vous fait des reproches infondés ou sans vérifier la réalisation réelle du travail
  • on vous attribue de façon répétée des tâches dévalorisantes, ne correspondant pas à votre fiche de poste ou dépassant vos capacités 
  • on entraîne l’échec de toute avancée promotionnelle, on vous sanctionne ou rétrograde de façon injustifiée
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Les intervenant·es du réseau LAD interviennent en entreprise sur le harcèlement (formation, enquêtes, médiation...)

Ceci n'est pas du harcèlement : les contre-exemples

Il est important de distinguer ce qui relève du harcèlement moral au travail et ce qui s'en écarte. Voilà quelques exemples de situations qui n'entrent pas a priori dans la définition du harcèlement moral au travail :

  • le fait de donner une surcharge de travail exceptionnelle, temporaire et expliquée ;
  • un espace de travail confiné, du matériel usé, des locaux vétustes, le manque de moyens, de collègues pour faire le travail, sauf si la dégradation (ou son maintien) est VOLONTAIRE ;
  • traiter un·e salarié·e de conne / d’abruti en réunion d’équipe. Il s’agit alors d’une agression verbale ponctuelle (injure), mais si les insultes se répètent, il pourrait bien s’agit de faits harcelants.

Même si elles ne relèvent pas du harcèlement au sens juridique du terme, ces situations sont à prendre au sérieux, et elles n’exonèrent pas l’employeur de son obligation de préserver la santé mentale des salarié·es.

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Harcèlement moral au travail : les cas particuliers

Le harcèlement discriminatoire : une seule fois suffit

Le législateur a souhaité donner une définition claire et spécifique à cette situation.

Lorsque les faits harcelants (ayant pour objet ou pour effet de porter atteinte à la dignité ou de créer un environnement intimidant, hostile, dégradant, humiliant ou offensant) sont fondés sur un des 25 critères propres à la personne ou à l’exercice de ses libertés fondamentales, définis par la loi sur la discrimination (son origine, son genre, son état de santé, sa religion…), on parle alors de harcèlement discriminatoire (harcèlement moral à caractère discriminatoire).

Article 1er de la loi n° 2008-496 du 27 mai 2008 + Articles 225-1 du Code pénal, L. 1131-1 à L. 1134-10 du Code du travail, L. 131-1 à L. 131-13 du Code général de la Fonction publique

Dans le cas du harcèlement discriminatoire, UN SEUL agissement dirigé vers une personne suffit pour que le fait soit caractérisé en harcèlement discriminatoire.

Quelques exemples de harcèlement discriminatoire :

  • harcèlement validiste : Un manager ralentit expressément les démarches d’équipement spécifique d’un·e salarié·e en situation de handicap non visible (fourniture d’un casque anti-bruit, aménagements du bureau…), en dépit de la recommandation du médecin du travail
  • harcèlement transphobe : une collègue jusque-là identifiée comme un homme fait son coming-out trans et demande qu’on s’adresse à elle avec des pronoms féminins. Un membre de l’équipe s’y oppose et continue à s’adresser à elle via des pronoms masculins
  • harcèlement antisémite : un responsable blague régulièrement sur la course à l’enrichissement innée de sa collaboratrice de confession juive
💡 En savoir + : Harcèlement sexuel, agissements sexistes, discriminations. Être au clair sur les définitions.

Les différents types de harcèlement moral

Les différents types de harcèlement au travail

Le harcèlement moral au travail descendant, c'est-à-dire d’un·e supérieur·e hiérarchique vers un·e surbordonné·e, est considéré comme le cas le plus fréquent. Selon une étude Qualisocial de 2022, 1 manager sur 3 a le sentiment d’avoir déjà été auteur·e de harcèlement moral.

Mais attention, on rencontre d'autres types de harcèlement moral au travail. Suivant le cas, on parle de :

  • harcèlement ascendant : de subordonné·e(s) vers un·e supérieur·e hiérarchique : faire la fronde contre son ou sa responsable, se moquer de lui ou elle, court-circuiter ses prescriptions… peut donc relever de faits harcelants
  • harcèlement par un collègue ou harcèlement horizontal (ou transversal). Observé plutôt dans une équipe qui ne va pas bien, la bouc-émissarisation peut souder l’équipe, en polarisant vers une personne alors mise au ban de sa communauté de travail.
  • harcèlement institutionnel : quand des méthodes de direction mises en œuvre par un·e ou plusieurs managers, organisent la dégradation des conditions de travail de façon non ciblée : contrôle systématique et à tout moment du travail, retraits de fonctions et déclassements professionnels, absence de prise de décision de la hiérarchie face à des problèmes relationnels connus, surcharge de travail suite à des licenciements ou réorganisation, rétention de l’information, refus de communiquer avec ses salarié·es, de les recevoir en entretien…
  • harcèlement environnemental (ou d’ambiance) : par une ambiance dérangeante, oppressante ou malsaine sur le lieu de travail, qui ne cible personne de particulier (tout le monde crie, s’énerve, s’engueule ou ne se parle plus, certain·es se sentent même mis·es à l’écart).
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Photo by Austin Distel on Unsplash
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