En 2023, l'Agence Nationale pour l'Amélioration des Conditions de Travail (ANACT) a fait le choix d'un nouveau référentiel QVCT pour aider les organisations dans la mise en œuvre de leur démarche.
Quels sont les changements et les nouveaux outils proposés ? Que faut-il retenir et comment les services QVT peuvent-ils s'emparer de ce nouveau référentiel pour construire leur politique QVCT ?
Le nouveau référentiel QVCT de l'ANACT (téléchargeable ici) s'applique à distinguer entre les ambitions d'une part, les principes et les méthodes d'autre part, et enfin les sujets de la QVCT.
L'objectif : s'assurer qu'on ne parte pas bille en tête sur des actions QVCT, sans avoir intégré la philosophie qui sous-tend l'ensemble.
La QVCT doit poursuivre pour l'ANACT 3 ambitions liées :
Par cette formulation, l'ANACT rappelle que l'amélioration des conditions de travail est inséparable de l'activité de production de l'entreprise. Pourquoi un tel rappel ? Les services QVT qui ont tenté de mener des actions, sans engagement de la Direction ou mobilisation du management, se sont heurtées à des murs, et ont abouti à des mesures cosmétiques. La performance sociale et économique doivent être pensées ensemble.
Fait nouveau, l'ANACT met l'accent sur le temps long et la nécessité d'une politique QVCT "durable", qui s'intègre avec les démarches RSE ou HSE des entreprises. Cette attention au temps long est aussi visible dans les thèmes choisis pour les deux dernières éditions de la semaine de la QVCT : "Transitions et travail, on en parle ?" en 2023, puis "Anticiper le travail de demain" en 2024.
Une vision évolutive de la QVCT, qui fait écho à notre vision de la QVT aux Ateliers Durables, car elle s'inscrit dans une vision globale de la santé des individus, des écosystèmes, et un changement nécessaire dans la gouvernance des entreprises.
Le référentiel QVCT fait le point sur les 7 éléments de méthode qui permettent de mener à bien une démarche QVCT.
Concrètement, chacun de ces principes est illustré par des pratiques possibles : formulation dans une feuille de route ou un accord collectif, définition des principes d'un espace de discussion sur le travail (libre expression, modalités d'animation, règles de prise de parole...), évaluation des apprentissages liés à la démarche, etc.
Dans ce nouveau référentiel, l'ANACT clarifie les 6 sujets qui composent la QVCT et illustre chacun par des actions possibles.
Sans doute le cœur du sujet : comment organiser le travail de manière épanouissante pour chacun et performante pour l'organisation ? On y parle clarté des rôles, articulation des temps de vie, autonomie et participation des salariés, mais aussi espaces de discussion sur le travail pour mieux réguler, planifier la charge de travail et la répartir de manière adéquate entre chacun.
On retrouve ici toutes les bonnes pratiques concernant l'onboarding des salariés, le développement des compétences, la GPEC, et plus largement les éléments de culture d'une organisation apprenante. L'ANACT met aussi l'accent sur les passerelles professionnelles et la mobilité entre métiers et activités, afin de prévenir la désinsertion professionnelle.
Cet axe regroupe la prise en compte des situations particulières (grossesse, maladies chroniques, handicap...), la non-discrimination, la prévention des violences au travail (verbale, physique, sexiste, sexuelle) et plus largement l'attention portée à la réduction des inégalités et à l'équité dans les pratiques RH (embauche, formation, avantages sociaux).
L'enjeu est ici de développer une culture de la QVCT dans l'entreprise qui infuse dans la stratégie d'entreprise, les pratiques et les compétences managériales, avec une attention particulière aux périodes de restructuration et de changement, afin d'y associer les salariés.
Cet axe vise à davantage associer le dialogue social traditionnel avec les représentants des salariés (CSE, CSSCT) au dialogue professionnel, qui prend place au sein des équipes, le tout dans un but d'amélioration de la QVCT.
Cette dimension est l'occasion de rappeler l'importance de la prévention primaire des risques professionnels, en particulier les risques psycho-sociaux. Elle passe par une évaluation (place du DUERP), un pilotage adéquat ainsi qu'un outillage des managers et des représentants du personnel pour mener des actions de prévention efficaces.
L'ANACT propose désormais dans son référentiel une double évaluation : une classique, centrée sur les sujets, et une plus originale, centrée sur les 7 principes et les méthodes exposés plus haut.
Cette première grille d'évaluation simple invite à identifier dans l'entreprise les pratiques qui favorisent ou qui handicapent la QVCT, pour dégager les points forts et les faiblesses existantes.
Cette deuxième grille d'évaluation propose aux entreprises de mesurer à quel point l'esprit et la philosophie de la QVCT sont intégrées dans leurs pratiques et leur politique. Elle est indissociable de la première, pour éviter que la QVCT s'apparente à un recueil d'actions, mais traduise au contraire un engagement fort de la direction et de la culture d'entreprise.
En conclusion, ce nouveau référentiel QVCT a le mérite de clarifier les concepts et d'apporter des éléments de méthode aux Responsables QVT qui souhaitent s'emparer du sujet. Les variables clé que sont le projet d'entreprise, le management et l'égalité sont aussi davantage mises en avant.
On peut regretter que certains sujets soient encore abordés trop timidement. La notion de transparence, pourtant essentielle, n'apparaît pas clairement. Les auteurs appellent également de leurs vœux une plus grande synergie entre les politiques RSE, HSE et QVCT, mais fournissent peu d'outils pratiques pour y parvenir. Pour autant, la QVCT s'inscrit dans un temps long, elle est par nature évolutive, et on peut espérer que les retours d'expérience permettront d'enrichir ce référentiel dans le futur.
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La qualité de vie et des conditions de travail désigne et regroupe sous un même intitulé les actions qui permettent de concilier à la fois l’amélioration des conditions de travail pour les salariés et la performance globale des entreprises, d’autant plus quand leurs organisations se transforment.
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